L'Axe de Cendre

de Marie Gil (auteur)
Maison d'édition : éditions MF
Collection : Inventions
janvier 2018

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Livre papier
format 130 x 180 80 pages En stock
9,00 €

LE LIVRE 

Un homme revoit, vingt ans après, un visage de femme croisé dans l’enfance, et comprend trop tard qu’il a manqué son destin. Il écrit l’histoire de cette rencontre, et nomme la femme Cendre. Il relate leur courte aventure avec détachement, d’une voix d’outre-tombe et dans un style froid. Il est comme déjà mort. Au fur et à mesure qu’il écrit, un destin se tisse, un sens se dessine et un troisième personnage émerge… un sens qu’il semble seul à ne pas voir : la triangulation d’un amour idéal à jamais échappé. Une photographie de sa jeunesse enfin exhumée lui révèlera trop tard ce secret de Cendre. Ce qu’il nommera en amont du texte, dans un soupir de lucidité, son axe.

 

EXTRAIT 

Ainsi, je suis mort. Je meurs à l’instant, j’entre encore dans la mort. Passage infiniment long et court, passage au cours duquel je régurgite tous ces mots et toutes ces images. Les voici, ils arrivent.

Je vois… Enfin ! Je vois que ce visage, qu’il m’a été donné d’apercevoir enfant et qui ne m’a pas quitté, était le visage de ma propre mort.

Je ne me suis pas tué. Je suis seulement parti, je me suis évaporé. C’est un peu comme si j’étais mort, pourtant. Depuis, je suis dans le noir.

Je pourrais commencer par l’enfance, mais ce serait moins fort, et moins vrai aussi. En fait, ça a commencé comme ça, par une fausse reconnaissance, il y a quelques mois, qui a précédé, de peu, une vraie rencontre. La vie est comme ça, pleine d’annonces. J’étais arrivé au bout, au bout de la jetée, mais je ne le savais pas encore.

C’est le matin, l’air est frais, le ciel est bleu, il y a des mouettes. Je suis dans une station balnéaire de la côte bretonne et je marche, serrant sur moi mon imperméable. Je m’approche d’une gare routière, j’y pénètre et m’assieds sur un banc. J’attends un car. La province m’angoisse en suscitant un sentiment de solitude pénible. Je suis pourtant revenu de moi-même. Je sens que quelque chose va m’arriver ici, que je vais trouver quelque chose, retrouver quelqu’un. Je me suis d’abord trompé de personne, comme je l’ai dit. J’attends mon bus pour Paris, je n’ai rien à faire et je me mets à marcher. Adossé à la balustrade qui encercle la station, j’aperçois un clochard. Je m’approche de lui et me penche pour regarder son visage, à moitié couvert d’une capuche. Je me penche pour en soulever un pan. Le paysage change soudain, j’entends un son de boîte à musique, très doux, et derrière mon clochard, la gare routière ressemble à une toile peinte, avec des bus rouges et des petites maisons de bois, comme dans un livre pour enfants (le livre américain des Mille mots dont j’écumais les pages enfant). Je regarde le SDF. Son visage est beau, et je le reconnais. C’est Paul. Paul très jeune, les cheveux courts, à nouveau propre. Il me sourit. Rapidement, la boîte à musique se tait, j’entends à nouveau les mouettes et leurs cris qui se rapprochent. Le son s’accroît, devient assourdissant, je mets les mains sur mes oreilles, je veux m’enfuir. Puis cela cesse brusquement. Je reste longtemps debout devant le corps, son visage de clochard à présent ordinaire, inconnu.

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Caractéristiques

Editeur : éditions MF

Auteur(s) : Marie Gil

Collection : Inventions

Publication : 1 janvier 2018

Edition : 1ère édition

Intérieur : Noir & blanc

Support(s) : Livre papier

Poids (en grammes) : 90

Langue(s) : Français

EAN13 Livre papier : 9782378040024

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